Les frais des placements financiers laissés dans le flou

L’Autorité des marchés financiers (AMF) a publié mercredi 4 avril les résultats de son enquête marquant ainsi le lancement de son observatoire de l’épargne. Cette enquête révèle les lacunes des banques en matière d’information sur les frais associés aux placements financiers.

Discrétion sur les frais des produits financiers

L’Observatoire de l’épargne créé par l’AMF vient d’ouvrir ses portes avec pour mission de réunir des données concrètes sur les attentes des épargnants, les comptes financiers des ménages, les montants de collecte et les pratiques de commercialisation des produits et services financiers. C’est à ce titre que l’institution s’est intéressée aux frais bancaires sur les placements boursiers.

Dans seulement quatre cas sur dix les enquêteurs anonymes de l’Observatoire de l’épargne ont été informés des frais attachés aux placements financiers, et encore, dans neuf cas sur dix, l’information était incomplète.

En matière de placements financiers, la question des frais est loin d’être anodine. Ils impactent le rendement des placements, d’autant plus lorsque les performances sur les marchés financiers sont faibles. Mal informés sur les frais attachés aux produits qu’ils souscrivent, les épargnants se détournent peu à peu des actifs boursiers déjà entachés par les risques qu’ils comportent.

Pourtant, les derniers chiffres de l’Insee indiquent le dynamisme de l’épargne des Français représentant 17,3% du revenu disponible au deuxième trimestre 2011, et 16,8% au quatrième trimestre. Il faut remonter aux années 80 pour trouver une telle proportion d’épargne.

Des prestations à mettre en concurrence

Une fois que les épargnants réussissent à cerner le coût des placements financiers, ils peuvent toujours profiter de la concurrence pour effectuer leurs démarches à des prix plus avantageux.

Par exemple, l’enquête nous apprend que le coût d’un ordre d’achat d’actions peut revenir 40 % moins cher s’il est passé par Internet plutôt que par téléphone, et deux fois moins cher chez un courtier en ligne qu’au guichet d’une agence bancaire.

Les transactions boursières en ligne montrent une forte compétitivité. Par exemple, pour un ordre de 5 000 euros, les frais sont en moyenne de 0,28 % chez un courtier en ligne, contre 0,5 % pour un ordre passé depuis le site internet d’une banque de réseau.

Les établissements bancaires qui ont pignon sur rue pratiquent également des droits de garde (frais de conservation et d’opérations sur les titres) qui peuvent représenter 0,77 % d’un portefeuille boursier de 10 000 euros composé de dix types d’actions différentes. Pour un portefeuille de 50 000 euros les droits de garde tombent à 0,29%. Or, les épargnants peuvent faire l’économie de ces droits de garde qui sont inexistants chez une banque en ligne.

Les épargnants français avantagés

Si l’on peut reprocher aux établissements bancaires français d’être trop diserts sur les frais qu’ils prélèvent au titre des placements financiers, leurs clients peuvent toujours recourir à l’AMF et se référer à la lettre mensuelle de l’Observatoire qu’elle publie et qui fournit des repères chiffrés sur les pratiques des réseaux bancaires et des gestionnaires.

En définitive, en ce qui concerne les frais liés aux placements financiers, les épargnants français bénéficient de prix raisonnables. Pour un ordre de 5 000 euros passé sur la Bourse de New York (NYSE), les frais coûteront en moyenne 1,1 % du montant de l’ordre passé au guichet d’une banque de réseau et 0,43 % chez un courtier en ligne, ce qui revient au double de ce qui est demandé en France.