Les Français financièrement analphabètes

Le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) s’est intéressé à la culture financière des Français. Ses observations établissent l’incompréhension des Français face aux mécanismes financiers. Prompts à condamner capitalisme et libéralisme, ils ne sont pourtant que 1 sur 4 à pouvoir donner la définition d’une obligation. Par ailleurs, ils sont de grands consommateurs de services financiers pour leur épargne ou le financement des études des enfants et l’achat d’un logement.

L’ignorance des concepts élémentaires

D’après l’enquête du Credoc, 80% des personnes interrogées admettent être « un peu perdus » lorsqu’il s’agit de placements financiers. Seuls 49% pensent avoir des connaissances suffisantes pour apprécier le risque et la rentabilité des produits financiers.
Lorsqu’ils sont interrogés sur les différents types d’actifs, seule une personne sur quatre coche la bonne définition d’une obligation (titre de créance sur des entreprises privées, sur l’État ou sur un organisme public). 45%, soit moins d’une personne sur deux, savent ce que sont les fonds commun de placement (portefeuille de valeurs mobilières composé d’actions, d’obligations…). A peine une personne sur deux (52%) peut donner la définition d’un dividende (revenu versé aux actionnaires d’une entreprise).
Ainsi, les concepts de base de la finance ne sont même pas maîtrisés par les Français.

L’approximation des mécanismes financiers

Certes, vu les classements effectués par les personnes interrogées, les grands principes financiers sont bien intégrés :

–          87% des sondés rangent les actions parmi les produits financiers plutôt risqués ;

–          93% inscrivent les livrets d’épargne dans la catégorie des placements peu risqués ;

–          70% savent que les risques sur les placements en Bourse peuvent être limités en les diversifiant.

Mais les Français ne sont pas totalement sortis de l’obscurantisme : 25% d’entre eux sont convaincus qu’il existe des placements financiers à la fois très rentables et très peu risqués. Avec ce pourcentage, nous sommes, parmi les pays de l’OCDE, les plus nombreux à garder l’illusion de la martingale. La désillusion est à la sortie.

Ce penchant de la population française a été souligné dans l’étude commandée par l’Institut pour l’Education Financière du Public (IEFP) en partenariat avec l’Autorité des marchés financiers (AMF) pour les Journées de l’économie de Lyon.

Ces fausses idées qui circulent sur les produits financiers en disent long sur les lacunes des Français en matière de lois économiques.

La demande d’en savoir plus

Dès qu’il s’agit de leur propre porte-monnaie, les choses sont nettement moins abstraites et, d’après l’enquête, les Français gèrent plutôt bien leur budget.

70% des personnes interrogées tiennent un budget de leurs dépenses et de leurs revenus et 3 sur 4 savent précisément ce qu’ils dépensent chaque mois.

Autre point positif, les Français se montrent très curieux des mécanismes financiers. 79% des sondés souhaiteraient en apprendre davantage pendant leur scolarité et cette proportion passe à 86% chez les 18-24 ans. L’enquête révèle une véritable volonté d’en savoir plus avec 77% des personnes interrogées qui accepteraient de suivre une formation dans leur entreprise. Les Français sont donc prêts à en finir avec la mystification de l’univers des finances, mais des professeurs suffisamment compétents existent-ils ?